Au 1er trimestre 2025, les recettes du tourisme tunisien ont enregistré une hausse de +5 %, atteignant 1,21 milliard de dinars, selon les données de la Banque Centrale. Si cette progression est encourageante, elle reste en deçà des attentes au regard d’une augmentation de +23 % des réservations sur la même période. Dans ce contexte, M. Hakim TOUNSI, le Directeur général du Tour Opérateur AUTHENTIQUE TUNISIE, livre une analyse lucide et constructive, soulignant l’écart entre potentiel et performance. Il met en avant la nécessité de structurer davantage l’offre, notamment sur la basse saison, encore insuffisamment exploitée malgré ses atouts. Son plaidoyer pour une stratégie hivernale ambitieuse vise à transformer une fragilité structurelle en levier de croissance durable pour la destination Tunisie.
Tourisme tunisien +5% de recettes au 1er trimestre 2025. Une dynamique à encourager et à structurer.
Analyse et recommandations de Mr Hakim TOUNSI :
Selon les chiffres publiés par la Banque Centrale de Tunisie, les recettes touristiques ont atteint 1,21 milliard TND (environ 357 M€) au 1er trimestre 2025, contre 1,152 milliard TND (environ 339 M€) à la même période en 2024, soit une progression de +5%.
Ce chiffre, bien que positif, paraît modeste au regard des réservations enregistrées en hausse de +23% pour la même période, d’un contexte international favorable, et d’une reprise progressive du trafic aérien.
En 2024, la Tunisie a généré une recette touristique annuelle totale de 2,2 milliards d’euros, ce qui représente une recette mensuelle moyenne d’environ 185 millions d’euros. Cela se traduit par une recette trimestrielle moyenne d’environ 555 millions d’euros. Par conséquent, il semble raisonnable de se fixer comme objectif d’atteindre cette moyenne, pour la période de janvier à mars, dans un horizon raisonnable de deux ans par exemple.
Deux remarques s’imposent :
Différencier dans la lecture et l’analyse des chiffres les réservations des arrivées effectives pour une même période : Les données publiées concernent les recettes. Les statistiques concernant le nombre des arrivées tardent à venir. Une communication plus rapide et transparente sur les arrivées est essentielle pour une lecture fine des dynamiques touristiques et une meilleure planification des actions à venir.
Un niveau de croissance à analyser : Cette progression modeste souligne la nécessité de renforcer la qualité de l’offre, d’augmenter la valeur ajoutée par visiteur, et de mieux structurer la stratégie sur la basse saison.
Enjeux prioritaires.
La basse saison (janvier à mars) constitue un levier majeur de croissance. Elle demeure aujourd’hui sous-exploitée, alors qu’elle recèle un potentiel important sur des segments comme :
Le bien-être (thalassothérapie, thermalisme, balnéo)
Le désert et les oasis (Tozeur, Douz, Tataouine, Chott el Jerid)
Le tourisme sportif, le golf, les circuits culturels
Le tourisme médical et de séminaires
Les événements culturels et sportifs
Une stratégie offensive sur la basse saison permettrait de mieux lisser l’activité sur l’année et d’enrichir la perception de la destination.
Recommandations clés
Renforcer la recette moyenne par visiteur : allonger les séjours, enrichir l’expérience, monter en gamme.
Promouvoir activement les produits hivernaux (Sahara, bien-être, circuits)
Intensifier la communication ciblée sur les marchés scandinaves et à forte valeur ajoutée (Suisse, Allemagne, Canada…). La contribution des pays scandinaves en terme d’arrivées touristiques entre janvier et mars doit revenir et même dépasser ses performances du passé. Un effort est à faire au niveau de la mise en place de plus de connectivités aériennes avec ces marchés très porteurs l’hiver.
Mobiliser les relais d’influence spécialisés sur les voyages en basse saison
Développer des événements d’envergure internationale organisés en Tunisie entre janvier et mars à Hammamet et à Djerba pour mieux capitaliser sur la notoriété de ces deux destinations très bien connues à l’étranger mais qui fléchissent énormément en terme d’activité l’hiver. Il faut absolument booster ces deux potentiels pour des arrivées entre janvier et mars.
Travailler la perception régionale de la Tunisie, en positionnant chaque destination selon ses spécificités
Renforcer la connectivité aérienne vers le Sud tunisien (Tozeur notamment) depuis Lyon, Nice, l’Allemagne, l’Espagne…
En somme, les performances du premier trimestre confirment que le tourisme tunisien est sur une trajectoire positive, mais encore perfectible. L’analyse de M. Hakim TOUNSI rappelle avec justesse que la croissance durable passe par une meilleure valorisation de la basse saison, une montée en gamme de l’offre, et une coordination renforcée des acteurs publics et privés. La Tunisie dispose de tous les atouts pour se positionner comme une destination attractive toute l’année, à condition d’agir avec stratégie et anticipation. Les marges de progression sont réelles, et les opportunités à portée de main. L’heure est venue de franchir un cap décisif pour inscrire le tourisme tunisien dans une dynamique plus équilibrée, plus qualitative et plus résiliente.
Mehdi KANTAOUI – TunisiaWellbeing.com